"Cendrillon fait grève", et pas seulement le 8 mars !


Ce jeudi 14 mars, nous nous sommes joints aux bagiciens de la FMJ pour assister à une conférence gesticulée « Cendrillon fait grève » !


Avant de vous en dire plus sur le contenu, une conférence gesticulée c’est quoi ? Il s’agit d’une technique d’expression issue de l’éducation populaire qui prend ses inspirations entre théâtre et conférence – entre jeu d’acteur et sérieux académique – entre vécu et savoirs froids. Le conférencier part de son histoire personnelle et l’universalise au fur et à mesure. À certains moments, on se retrouve comme des gamins à écouter une histoire, puis on s’identifie au témoignage tout en faisant des ponts avec quelques points théoriques parsemés de-ci de-là pour mêler le subjectif à l’objectif, et donner du crédit au vécu individuel.

« Cendrillon » ça nous parle à ma collègue Laurie et moi parce qu’on fait partie de la génération 80-90 biberonnée aux Disney, aux princesses et aux « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Karima, notre conférencière, elle ne va pas l’épargner Cendrillon. Entre charge mentale, inégalités salariales, harcèlement et j’en passe, les contes de fées, ils ne nous auraient pas un peu menti ?

En plus, au C-paje, les dessins animés qui véhiculent des préjugés ça nous dit bien quelque chose puisque pour le projet Diversity Power avec 8 écoles primaires, secondaires et supérieures, on a choisi cette thématique pour parler du racisme. En passant par Pocahontas et sa version idéalisée de la colonisation, la sous-représentation des diverses origines ethniques de manière générale et l’encouragement des stéréotypes raciaux avec Aladin, le sujet est large!

Revenons à notre conférence et on commence par un point indispensable : prendre conscience de ses privilèges (du plus évident au plus dissimulé) et c’est Peggy Mclntosh qui nous introduit à ce concept : les listes se succèdent « privilèges blancs », « privilèges masculins », « privilèges sociaux – économiques – culturels - etc. ».

Vous l’auriez certainement compris à la lecture du titre, on nous a aussi et surtout parlé de féminismes au pluriel : essentialiste, universaliste, intersectionnel… Et aussi de féminisme matérialiste (en lien avec la conception matérialiste de l’histoire (Marx ) : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. » Et les femmes parmi ces hommes? Et bien, elles cumulent, et c’est là qu’interviennent des concepts comme celui de l’intersectionnalité. Une maman solo racisée sans diplôme ne subit pas le même niveau d’oppressions dans la société qu’un homme blanc hétéro valide et cultivé, par exemple.

Et tant qu’on parle d’inégalités de genre, on continue : charges contraceptive - menstruelle - esthétique, pension minimum, « pink taxe », impôts défavorables aux femmes, filières professionnelles féminines peu valorisées, pratiques d’héritages qui creusent l’écart*, pension alimentaire… Toutes des conditions qui rendent les femmes dépendantes financièrement de leur conjoint ou qui les plongent dans une grande précarité si elles s’en émancipent.

Et des femmes qui prennent de la (leur) place ça fait mauvais genre ! Temps de parole restreint, espace public adapté hommes, l’Histoire qui invisibilise les combats et les avancées obtenues par des femmes (par exemple : les noms de rues qui font quasiment exclusivement référence à des hommes), tabous sur la question du plaisir féminin… Autant de détails qui peuvent paraître insignifiants, mais qui nous rappellent chaque jour que nous vivons dans un monde pensé par et pour les hommes.

Pour conclure, voici une anecdote extraite de la conférence qui nous a bien fait rire : si vous demandez encore si tel jouet ou encore tel métier est pour les filles ou les garçons, posez-vous la question : « un zizi est-il nécessaire ? ». Si la réponse est non, alors c’est pour tout le monde ! Du bon sens que les spécialistes du marketing tentent de nous faire perdre !

NB : Pour approfondir le sujet, on vous propose d’aller faire un tour sur le site Pépite sexiste.

 

* « Le genre du Capital : comment la famille reproduit les inégalités » de Céline Bessière et Sibylle Gollac.

 

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Actualité rédigée par
Laura ROUMA

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